Type d'organisation
  • SME
  • Start-up/ Scale-up
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La stratégie d'épanouissement comme norme 

Dans la littérature scientifique, lors d’évènements entrepreneuriaux ou lors d’échanges avec les chefs d'entreprise, la majorité s’accordent sur le même constat : les entreprises doivent d'abord et avant tout chercher la croissance et augmenter leur profit. La croissance du profit est considérée comme le moteur principal de toute activité entrepreneuriale, et ceux qui ne s'y attellent pas se démarquent fortement. 

 

Dans le monde des affaires, cependant, nous constatons que ce sont surtout les propriétaires ou dirigeants de PME qui ont parfois d'autres objectifs que la course à la croissance. Bien sûr, la stabilité financière est une condition préalable à la conduite des affaires, mais de nombreux propriétaires/dirigeants de PME expriment le souhait de ne pas ambitionner la croissance à tout prix ou du moins de ne pas la placer en tête de liste. Réaliser des chiffres d'affaires toujours plus élevés, conquérir de nouveaux marchés ou dominer un marché avec de nouveaux produits ne correspond pas toujours à leur façon de diriger une entreprise ou à leurs attentes. Les principales attentes de l'entrepreneur peuvent être, par exemple, la pérennité de l'entreprise, la transmission de l'entreprise à la génération suivante ou simplement la capacité d’être pérenne. Ne pas vouloir (radicalement) croître est une attente légitime chez de nombreux propriétaires/dirigeants de PME. Cela peut notamment s'expliquer par le fait qu'il n'y a pas toujours de séparation claire entre la propriété et la gestion de la PME : l'entrepreneur est à la fois actionnaire/propriétaire et réalise la gestion quotidienne. Ce qui diffère, par exemple, des entreprises cotées, où les actionnaires et le comité exécutif sont très souvent des personnes différentes. Dans une telle situation, les gestionnaires doivent défendre les intérêts de l'actionnaire, qui est généralement une augmentation de la valeur actionnariale et des dividendes. Cela se matérialise donc généralement par la croissance du profit. 

Certains propriétaires de PME veulent simplement se concentrer sur d'autres aspects que le profit, comme le développement de nouveaux produits ou le développement vers des clients qui leur correspondent. 

Pour ces entrepreneurs, le désir de réaliser des profits toujours plus élevés est donc moins prioritaire. Ces derniers ont une volonté d'entreprendre forte et souhaitent s’épanouir au sein cette activité. Que cela soit en proposant de nouveaux produits, en contribuant à l’amélioration du monde ou en ayant une identification forte avec leur entreprise. De façon générale, la pérennité est souvent plus importante que la croissance financière effective de l'entreprise. Cela ne signifie pas pour autant que les profits financiers ou une certaine prospérité ne sont pas nécessaires, mais ils sont plutôt d'importance secondaire. 

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Cette attitude peut être le résultat de souhaits profonds de l’entrepreneur, mais aussi simplement une conséquence de la structure financière d'une PME. Étant donné que les ressources du dirigeant de PME sont limitées, ce dernier peut être moins enclin à diversifier rapidement ses activités et à être plus lent dans le développement de nouveaux marchés. Les investissements vont être davantage étalés dans le temps et l’aversion au risque de ces entrepreneurs est généralement plus faible

Pas de stratégie de croissance, mais une stratégie d'épanouissement et de pérennité 

Quelle qu’en soit la raison, ne pas se concentrer uniquement sur la croissance du profit et considérer d'autres dimensions sont des considérations tout à fait légitimes de la part du propriétaire/gestionnaire d’une PME. Dans ce cadre, quelle place pour un plan stratégique détaillé, souvent associé à la croissance ? En effet, la stratégie est en effet nécessaire lors de la croissance des activités et des bénéfices, car ces derniers sont le résultat d’investissements importants (et risqués), qui doivent être planifiés sur le long terme. 

Cependant, tout comme pour la croissance, une stratégie planifiée est nécessaire même lorsque la pérennité est la principale priorité. Une bonne stratégie vise à éviter que l'entreprise ne soit menacée dans sa pérennité, grâce notamment à des investissements et des choix stratégiques. En effet, les mêmes choix effectués pendant des années ne sont pas nécessairement les meilleurs choix pour l'avenir. La raison principale réside dans le fait que l'environnement interne et externe de l'entreprise peuvent changer considérablement. En interne, par exemple, des collaborateurs ayant un rôle central peuvent décider de quitter l’entreprise, et en externe, des changements tels que de nouvelles réglementations ou un concurrent proposant une meilleure tarification ou une nouvelle technologie (pensez  par exemple à l'utilisation de l'IA ou de la robotisation) peuvent mettre l'entreprise en difficulté. Un entrepreneur qui se concentre sur la pérennité de l'entreprise doit donc gérer au mieux sa direction stratégique. A défaut d’une stratégie de croissance, une entreprise a plutôt besoin d'une stratégie de pérennité, qui permettra de faire fonctionner au mieux et efficacement l'entreprise existante. 

Une telle stratégie de pérennité sera bien entendu différente des stratégies de croissance classiques, car les risques à prendre sont davantage limités (par exemple, un niveau d’endettement moindre). Cependant, la surveillance et le contrôle de la situation sont cruciales afin de continuer à analyser les raisons du succès actuel. 

Une telle stratégie de pérennité nécessite généralement la présence d'un conseil d'administration/ d’avis, qui permet de poser les bonnes questions et de se projeter à long terme. Il est dès lors important pour l'entrepreneur de clarifier les attentes lors de la constitution du conseil d’administration/d’avis. Si l’objectif principal est de mettre en place de nouveaux projets, le conseil d’administration/d’avis peut examiner la façon de les financer et garantir la pérennité. Tout comme dans un plan de croissance, ce dernier examinera les budgets et les objectifs Dans le même ordre d’idée, le conseil interviendra également si de tels projets semblent trop onéreux par rapport à la vision initiale. De plus, un tel conseil d’administration ou d’avis peut aider à combler les lacunes classiques qui prévalent au sein des PME, telles que la surveillance de l'environnement interne/externe et la réalisation d'analyses de risques menaçant la pérennité. Si la principale préoccupation est la transmission de l'entreprise à la génération suivante, le conseil peut veiller à ce que l’entreprise soit transférée de manière optimale en garantissant la stabilité. Enfin, le conseil d'administration/d’avis a l'avantage de permettre à l'entrepreneur de consacrer du temps à ce qui lui plaît vraiment, à savoir entreprendre. 

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