Transmission familiale : comment ne pas perdre le fil ?
Focus sur un nouvel opus, écrit par Eugénie Gillot, Marie Mahieu, Dr. Roxane de Hoe et Dr. Marine Falize de la Chaire Familles en entreprises de l’ICHEC, en étroite collaboration avec Dr. Raphaëlle Mattart.
La transmission est un sujet crucial aujourd’hui en entrepreneuriat. Lorsqu’il est question d’entrepreneuriat familial, c’est un sujet d’autant plus épineux qu’il emmêle, en plus de sa complexité de base, les aspects familiaux et les générations.
Mais qu’est-ce qu’une transmission en entrepreneuriat familial ? Souvent associée à l’idée du momentum précis correspondant à la reprise ou à la vente de l’entreprise familiale entre membres familiaux, la transmission en entrepreneuriat familial est pourtant beaucoup plus diffuse dans le temps, mais aussi beaucoup plus complexe.
D’abord, la transmission est rarement une image figée et homogène. Elle se construit sur base d’un processus qui se déroule sur plusieurs années, comprenant une part importante de communication entre les membres familiaux ainsi que de 3 axes principaux : le savoir, le pouvoir, l’avoir.
Transmettre le savoir est une transmission qui commence, pour certains, dès le berceau. Evoluer au sein de l’entreprise, en entendre parler dès le plus jeune âge, y décrocher son premier job étudiant, etc… Toutes ces expériences connectent le membre familial en devenir avec des savoirs tacites et/ou explicites précieux sur le sens du business, la connaissance fine de certains clients, produits, le lien particulier qui unit les employés et les équipes sur place à la famille. Cela constitue un bagage éducatif intéressant, sans nécessairement que cela oblige les Next Gen à reprendre plus tard.
Transmettre le pouvoir est aussi un processus qui prend du temps. La transmission du pouvoir n’est pas à confondre avec la transmission d’une fonction. Il existe des passations de fonction qui ne s’accompagnent jamais de la passation de pouvoir et qui de facto, ne permettent alors pas la reprise par la génération suivante. Transmettre le pouvoir correspond à donner les moyens à la personne qui reprend, d’exercer les fonctions qui lui sont attribuées, transmises. Cela se prépare, se discute et se fait petit à petit pour que l’adhésion à ce transfert de pouvoir opère. En effet, le pouvoir repose aussi sur l’acceptation par les autres parties prenantes du repreneur en tant que personne compétente pour l’exercice des fonction et l’adhésion à ce choix.
Enfin transmettre l’avoir correspond au transfert de propriété du cédant vers le repreneur. Cette étape est souvent la dernière dans le processus de transmission, actant officiellement la transmission de l’entreprise. Cette étape inclut le volet financier de la transaction par la remise du contrôle par le capital dans les mains du repreneur, via l’actionnariat. Ce n’est donc qu’une « casquette » parmi les autres, à transmettre dans le cadre des transmissions familiales que l’on étudie présentement.
En combinant ces 3 axes, la transmission est réputée « complète ». Pourtant, la transmission en tant que concept ne recouvre pas de réalité homogène, et est traversée par d’autres dynamiques, parfois allant d’un extrême à l’autre en fonction des cas. Dans ce nouveau livre, nous avons eu à cœur d’offrir des perspectives nuancées sur les défis de la transmission en mettant en lumière 7 thématiques clefs autour de la transmission, toutes composées de stéréotypes opposés véhiculés au sein de la pratique en entrepreneuriat familial. Voici quelques exemples :
- La collaboration intergénérationnelle : Une bonne ou une mauvaise idée ?
- Les influences externes : Les accepter ou les rejeter ?
- Après la cession : Petite mort du cédant ou nouveau départ ?
Ces grandes questions reviennent souvent dans les discours de entrepreneurs familiaux et chacun a sa propre manière de voir les choses. Pourtant, il n’y a pas une bonne réponse dans ces dualités. Ainsi, nous avons confronté ces stéréotypes opposés croisant les récits de vie afin d’offrir un éclairage objectif sur les spécificités de chaque antipode.
Le message principal de notre ouvrage est qu’il n’est pas important de choisir l’un ou l’autre opposé, mais plutôt de comprendre les dynamiques inhérentes qui composent ceux-ci afin d’apporter des pistes de réflexions sur les choix posés qui ont fonctionné pour certains et pas pour d’autres. Par ce livre, notre but est d’offrir un outil permettant aux entrepreneurs familiaux curieux de démystifier la transmission en la préparant, de s’offrir un moment de réflexion, d’ouvrir le dialogue avec les personnes concernées et surtout, de se sentir moins seul face au défi que cela représente toujours et nécessairement.
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