De nombreux chefs d’entreprise parlent aujourd’hui de création de valeur durable, mais le concept n’a rien de neuf. En raison des nouvelles réglementations européennes (Green Deal, CS3D, CSRD…) et du réchauffement climatique, elle mérite plus que jamais une attention structurelle et stratégique dans l’agenda de la gouvernance.

GUBERNA lance aujourd’hui une série d’articles pratiques basés sur sa récente « Étude sur la création de valeur durable dans les sociétés belges cotées en bourse ». Ce rapport, commandé par la Commission Corporate Governance belge, présente une étude empirique basée sur une enquête et une série d’entretiens avec des dirigeants d’entreprises belges cotées en bourse. Lisez également la deuxième partie de cette série d'articles.

« L’objectif de cette étude est d'évaluer comment et dans quelle mesure  les entreprises belges cotées en bourse comprennent et mettent en œuvre  les six principes qui contribuent à la création de valeur durable"

Grâce à des résumés clairs et compréhensibles, nous voulons rendre cette étude précieuse facilement accessible à tous les administrateurs de tous les types d’entreprises. Nous commençons par une introduction générale qui met l’accent sur la définition, la nécessité et le cadre général de la création de valeur durable.

De quoi s’agit-il ?

Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de concepts et d’une terminologie clairs. Encore trop de dirigeants d’entreprise réduisent cette question à un problème d’information non financière. Utilisons une définition unique de la création de valeur durable.

« Le concept de création de valeur durable semble simple,  pourtant, de nombreuses entreprises ne comprennent pas pleinement ses effets sur leur activité. »

La création de valeur durable est le processus par lequel une entreprise crée de la valeur à long terme, de manière durable, en prenant des décisions stratégiques qui génèrent non seulement des bénéfices mais aussi un impact positif sur les personnes, l’environnement et/ou la société. Par « impact », nous entendons à la fois le maintien et l’augmentation de tous les types de valeur sociale.

Ce processus comprend l’intégration des facteurs ESG (impact environnemental, responsabilité sociale et qualité de la gouvernance) dans la stratégie et les opérations, l’équilibre entre des intérêts divers et la poursuite d’une croissance résiliente.

Nous tenons à souligner ici que cette « création de valeur durable » exige aujourd’hui (nécessairement et préalablement) une stratégie commerciale efficace ainsi qu’une bonne gouvernance avec un processus décisionnel transparent. Cette (nouvelle) stratégie implique en tout cas que l’objectif de l’entreprise n’est pas seulement de faire des profits pour les actionnaires. Les résultats d’exploitation ne doivent pas non plus être évalués uniquement sur la base de ce critère.

 Selon le Code belge de gouvernance d’entreprise 2020,  la création de valeur durable implique une orientation explicite à long terme sur le comportement responsable à tous les niveaux de l’entreprise, et sur la prise en compte permanente des intérêts légitimes des parties renantes. 

Chart

Ce graphique tiré de notre enquête - avec des réponses très différentes sur les éléments qui contribuent le plus à la création de valeur durable - illustre que le concept de création de valeur durable englobe de nombreuses facettes différentes.

 

Rôle des administrateurs

L’orientation stratégique à long terme reflète une création de valeur cohérente et aussi équilibrée que possible pour les différentes parties prenantes et intéressées. Ce faisant, il faut oser encourager tous les types d’innovation afin de trouver de nouvelles solutions capables de créer de la valeur économique et qui sont durables sur le plan environnemental et social.

« Cela nécessite une pensée systémique et une transformation  du modèle d’entreprise, de la proposition de valeur et de la chaîne de valeur. »

Pour que tout cela devienne une réalité tangible, le conseil d’administration doit veiller à ce que la direction ancre stratégiquement cet objectif dans le modèle de revenus et les actions commerciales concrètes. Le conseil d’administration doit s’assurer que la direction intègre pleinement les facteurs ESG dans les processus de planification stratégique, d’évaluation des risques et de reporting de l’entreprise.

 

« La valeur de durabilité doit être établie dans la salle du conseil d’administration. »

 

Une fois que les conseils d’administration auront intégré les questions de développement durable dans leurs responsabilités fondamentales, les décisions commerciales et les informations essentielles suivront. 

La société et les parties prenantes exigent des rapports transparents sur les efforts déployés en matière de développement durable et sur les progrès accomplis par rapport aux objectifs à long terme. L’entreprise communique donc de manière proactive avec toutes les parties prenantes, écoute leurs préoccupations et intègre tout retour d’information dans son processus décisionnel. 

« Les administrateurs sont dans une position unique pour relier le développement durable à l’objectif et à la stratégie de l’entreprise. »

 

Avantages et conditions

La création de valeur durable peut nécessiter des efforts considérables, mais elle offre également les avantages et les opportunités suivants :

  • Les entreprises qui pratiquent la création de valeur durable sont mieux préparées à relever les défis d’un monde en évolution rapide et évitent de prendre des risques excessifs.
  • La durabilité et la responsabilité sociale tendent à renforcer la réputation et la valeur de la marque d’une entreprise et à accroître la fidélité de ses clients et de ses investisseurs.
  • La création de valeur durable peut faciliter l’accès au capital de nouveaux investisseurs et réduire le coût du financement.

 

« La création de valeur durable n’offre pas seulement des avantages économiques aux entreprises, mais aussi des avantages écologiques et sociaux »

 

Le processus de création de valeur durable requiert donc nécessairement une attitude mentale bien définie au préalable au sein de l’organe de décision. Il s’agit d’une volonté :

  • Une volonté de voir l’objectif de l’entreprise plus largement que la simple création de profits pour les actionnaires.
  • La volonté d’organiser les futures activités de l’entreprise de manière à ce qu’elles ne nuisent pas ou le moins possible à la communauté, au voisinage et à l’environnement. 
  • La volonté d’utiliser l’activité économique de l’entreprise pour créer une certaine valeur ajoutée pour les autres parties prenantes, y compris sur la base de nouvelles opportunités de croissance. 
  • Une volonté de mener une réflexion critique permanente sur sa propre stratégie de développement durable à long terme.

Cela a permis de dessiner le cadre. Dans la prochaine partie, vous verrez un aperçu général des principales conclusions de l’étude ainsi qu’une liste des facteurs susceptibles de faciliter ou d’entraver la création de valeur durable.

Lisez l'étude complète ici.