Depuis trois décennies, GUBERNA accompagne les organisations et leurs organes de gouvernance dans la mise en place d’une gouvernance forte, tournée vers l’avenir et durable. Avec une mission claire – « Better Boards, Better Organisations, Better World » – nous avons progressivement contribué à l’évolution (et à l’amélioration) de la gouvernance en Belgique et en Europe. 

En tant que membre actif d’ecoDa, la fédération européenne des instituts d’administrateurs, nous contribuons également au développement des pratiques de gouvernance dans un contexte européen. Au fil des années, nous avons adapté nos priorités, développé de nouvelles normes et lignes directrices, et participé à la construction des fondements d’une bonne gouvernance. Toujours avec l’ambition de rendre la gouvernance pertinente et applicable, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. 

Ces 30 années représentent un moment de réflexion, mais certainement pas une fin en soi. Avec la même énergie, nous continuons à œuvrer pour une bonne gouvernance, en collaboration avec les administrateurs, les organisations et notre réseau. 

Dans cet article, nous revenons sur le rôle fondamental du King IV Report dans l’évolution des pratiques de gouvernance. 

 

Le King IV Report comme jalon dans la gouvernance d’entreprise 

Publié en 2016 par l’Institute of Directors in Southern Africa, le King IV Report marque une évolution significative dans le discours mondial sur la gouvernance d’entreprise. Plus qu’un ensemble de règles, King IV propose un cadre fondé sur des principes qui redéfinit la gouvernance comme un levier stratégique de leadership éthique, de performance durable et de légitimité sociétale. 

Depuis le premier rapport King en 1994, l’Afrique du Sud est à l’avant-garde de la réinvention de la gouvernance. King IV s’inscrit dans cette continuité, en intégrant à la fois l’expérience locale et les évolutions mondiales. Il remplace le modèle « appliquer ou expliquer » du rapport King III par une approche « appliquer et expliquer ». Ce changement subtil encourage les organisations à adopter les principes de gouvernance tout en expliquant comment ils sont intégrés dans leur contexte spécifique. Il favorise la transparence, la responsabilité et une culture d’amélioration continue. 

 

Quatre résultats de gouvernance 

Au cœur de King IV se trouvent quatre résultats de gouvernance : 

  • Culture éthique 

  • Bonne performance 

  • Contrôle efficace 

  • Légitimité 

Ces résultats traduisent une compréhension élargie de la gouvernance comme outil de création de valeur à long terme, et non comme simple exercice de conformité. Ils marquent également une transition vers une vision plus holistique du succès organisationnel. 

Le rapport encourage également une pensée intégrée, incitant les organisations à considérer plusieurs formes de capital (financier, humain, social et environnemental) dans leurs décisions et leurs rapports. Il adopte une approche inclusive des parties prenantes, reconnaissant que la légitimité découle de la capacité à répondre aux attentes de tous ceux qui sont impactés par les actions de l’organisation. Cela marque une rupture avec les modèles centrés sur les actionnaires, au profit d’une gouvernance alignée sur les attentes sociétales. 

Board

Leadership et responsabilité 

Le leadership éthique et efficace est la pierre angulaire du rapport King IV. Il appelle les organes de gouvernance à faire preuve d’intégrité, de compétence et de responsabilité, renforçant l’idée que la gouvernance commence par les personnes et la culture. Cet accent sur le leadership reflète une reconnaissance croissante que les échecs de gouvernance proviennent souvent de manquements éthiques plutôt que de faiblesses structurelles. 

Une autre force du rapport réside dans son adaptabilité. Il est conçu pour être applicable à tous les secteurs et types d’organisations, y compris les PME, les ASBL et les entités publiques. Cette proportionnalité garantit sa pertinence sans compromettre sa rigueur. En proposant des suppléments sectoriels, King IV reconnaît la diversité des contextes de gouvernance et encourage une application significative. 

Pourquoi King IV reste pertinent aujourd’hui ? 

Le King IV Report continue d’attirer l’attention des administrateurs belges, car il propose un cadre souple, applicable à tous les types d’organisations, et aligné sur les tendances européennes en matière de gouvernance. Il offre des outils concrets pour renforcer la transparence, l’intégrité et la légitimité des conseils d’administration. 

Aujourd’hui encore, King IV reste un faisceau lumineux valide pour les entreprises. Une révision est en cours avec le projet King V, qui vise à simplifier les principes sans en modifier la philosophie. Cette mise à jour répond aux nouveaux défis : transformation numérique et technologique, attentes sociétales accrues, et exigences ESG. Elle confirme la pertinence du modèle « appliquer et expliquer », tout en renforçant l’accessibilité du code. 

Pour les administrateurs belges, King IV (et bientôt King V) demeure une source d’inspiration et de bonnes pratiques, dans un contexte où la bonne gouvernance est plus que jamais un levier stratégique. 

 

Des changements nécessaires 

Quelques années après la publication de King IV, un besoin de clarification du texte a été mis en valeur. Bien que King IV couvre d’importants aspects de la gouvernance d’entreprise, le rapport apporte encore une légère confusion au sein des organisations. La demande pour plus de lignes directrices, une simplification du vocabulaire et une accessibilité accrue pour certaines organisations fût au cœur du débat. Le but de ces modifications n’est pas d’en changer son esprit, mais de l’aligner aux besoins actuels des entreprises. King IV rassemble un contenu qui peut être source de confusion pour les entreprises, le rapport mélange code, guidance et principes philosophique, en y ajoutant son langage complexe, ceci résulte à une compréhension floue sur son application pratique. Se basant sur ces constatation, King V aura un nombre de principes plus réduit (passant de 17 à 12) ainsi qu’un langage plus accessible et une structure mieux définie. Les principes clef de bonne gouvernance de King IV ne se retrouveront pas affectés par ces modifications, donnant naissance a un texte plus clair, et toujours aussi fondamental pour la bonne gouvernance. 

 

Conclusion 

King IV est bien plus qu’un code de gouvernance : c’est une étape clé qui redéfinit la gouvernance comme une pratique dynamique et fondée sur des valeurs. En alignant la gouvernance sur la finalité, la performance et l’impact sociétal, il établit une nouvelle norme pour les organisations engagées dans un leadership responsable et une réussite durable. 

Pour les administrateurs, King IV reste une source précieuse d’inspiration et de bonnes pratiques. Il offre un cadre souple, applicable et évolutif, qui permet aux conseils d’administration de répondre aux défis contemporains tout en renforçant leur légitimité. Son alignement avec les tendances européennes, sa capacité à pouvoir s’adapter à tous les types d’organisations, et son modèle « appliquer et expliquer » en font un outil qui permet de guider les entreprises en quête d’une meilleure gouvernance. 

Toujours pertinent aujourd’hui, King IV continue d’inspirer les administrateurs belges grâce à son approche souple, applicable à tous les types d’organisations, et alignée sur les tendances européennes. Il propose des outils concrets pour renforcer la transparence, l’intégrité et la légitimité des conseils d’administration. La révision en cours avec le projet King V vise à simplifier la structure sans altérer la philosophie, afin de répondre aux défis actuels. 

Sa portée historique réside dans sa capacité à évoluer avec son temps tout en restant ancré dans des principes éthiques et une gouvernance inclusive. 

Pour conclure, GUBERNA souligne trois principes de King IV comme étant des recommandations de bonne gouvernance qui restent pertinentes dans le contexte actuel de nos jours : 

  • Assurer un leadership éthique 
    Les administrateurs doivent incarner une culture de responsabilité, d’intégrité et de transparence, en plaçant l’éthique au cœur des décisions stratégiques. 

  • Adopter une approche inclusive des parties prenantes 
    La légitimité d’une organisation repose sur sa capacité à dialoguer avec l’ensemble de ses parties prenantes et à intégrer leurs attentes dans sa gouvernance. 

  • Favoriser une gouvernance proportionnée et contextualisée 
    Les principes doivent être appliqués en tenant compte de la taille, du secteur et de la complexité de l’organisation, afin d’assurer une gouvernance pertinente et efficace.