L'année 2023 promet de gigantesques défis pour le monde de l'entreprise. Comment les administrateurs peuvent-ils s'y préparer ? Pour répondre à cette question, Sandra Gobert identifie les points d’attention et les conseils à destination des chefs d'entreprise et des membres du conseil d'administration. 

Un concours sans précédent de facteurs géopolitiques, sociaux et économiques nous attend en 2023 : hausse des taux d'intérêt, augmentation de l'inflation et ralentissement de la croissance, une possible récession, la montée en puissance de la Chine, l'expansionnisme russe, les crises alimentaire et énergétique mondiales, le réchauffement climatique, les cybermenaces, les indispensables investissements indispensables en matière technologique ou encore le maintien de notre compétitivité... et après 30 ans d'ouverture, le "friend-shoring" semble devenir la "stratégie post-mondialisation" du monde occidental... 

Opportunités

Dans le même temps, ces défis créent de nouvelles opportunités et possibilités pour les entreprises qui ne reculent pas devant le risque : 

  1. L'énergie pourrait rester chère - tandis que les compagnies pétrolières, gazières et de services publics tentent de réagir à la volatilité persistante des prix. Pourtant, ce secteur se voit obligé de prendre des décisions audacieuses à long terme afin accélérer la transition énergétique vers un avenir à faible émission carbone. En parallèle naissent de nouvelles initiatives…. 
  2. En matière de délocalisation, la réduction de notre dépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine offre de nouvelles opportunités commerciales. Non seulement en ce qui concerne la production de biens essentiels, mais aussi dans des secteurs sensibles comme l'intelligence artificielle, les technologies des semi-conducteurs, les équipements de la transition écologique, les produits pharmaceutiques ou les minéraux stratégiques.  
  3. Dans le même temps, le changement climatique nous oblige à rendre nos installations plus résistantes aux phénomènes météorologiques extrêmes. Combiné avec ce qui précède, cela ouvre des opportunités pour davantage de travaux d'infrastructure. 

Règlements de l'UE

Cependant, des administrateurs éveillés ressentiront également les effets de l'augmentation des nouvelles réglementations Européennes notamment en matière de durabilité. Par ailleurs, la Commission poursuit le développement de la législation portant sur la “due diligence” en matière de droits de l'homme, de climat et de gouvernance.  

Traditionnellement, c’étaient principalement les forces du marché libre elles-mêmes qui favorisaient la transparence et la responsabilité sociétale. Aujourd'hui, de nouvelles réglementations poussent nos entreprises à se conformer, et ce davantage dans l'intérêt des parties prenantes que des marchés. 

Cette année, les directions et les conseils d'administration de nombreuses entreprises devront se préparer minutieusement à la présentation de rapports intégrés, avec tous les data-cauchemars que cela emporte. La mesurabilité et la quantification du "S" de l’acronyme ESG constituent un défi de taille.  

Pourtant, il persiste une idée fausse selon laquelle le CSRD n'exige que du reporting. Non, le CSRD exige également des entreprises que ces dernières fournissent des informations sur leur stratégie, sur leurs modèles commerciaux, sur les rôles respectifs de leurs organes politiques et sur les impacts négatifs potentiels de leurs chaînes de valeur. Cela nécessitera donc et sans tarder des discussions internes approfondies.  

Et, également avec la directive concernant les quotas en matière d'équilibre entre les genres, l'UE établit clairement que des considérations sociétales telles que la diversité et l’inclusion sur le lieu de travail l'emportent sur les objectifs internes de l’entreprise.  

Croissance ou valeur ?

De tels changements profonds exigent une prise de décision courageuse et de la responsabilité transparente. La transformation substantielle de l’économie mondiale donnera lieu à des débats intenses dans de nombreuses salles de conseil :  La croissance économique est-elle encore compatible avec la durabilité environnementale ? Quel est le meilleur moyen d'éviter un changement climatique catastrophique et la dégradation de l'environnement ? Devrions-nous adopter des idéologies dites "woke" pour être plus réactifs aux attentes des consommateurs et pour attirer et garder les talents ?  

Avec un activisme qui semble venir de partout et une pression sociale qui s’est installée dans nos salles de conseil, les administrateurs devront faire preuve d'une grande indépendance d'esprit et de beaucoup de courage personnel pour maîtriser des agendas complexes.  

En outre, le nombre de réunions et leur durée augmentent. Nous devons accepter - comme l'indiquent déjà certains codes - qu'un plafond peut être nécessaire pour le nombre de mandats d'administrateur.  

Administrateurs, attention à la sous-estimation et au '"overboarding" !  

 

Impact social

La paix et la prospérité ne peuvent plus être considérées comme acquises. Les entreprises doivent évoluer dans un monde de plus en plus incertain où les enjeux sont plus élevés. 

Les processus de bonne gouvernance seront plus importants que jamais pour maximiser l'impact du temps investi par les administrateurs dans la création de valeur durable.  

Pour cela, il est impératif d’avoir une bonne composition du conseil d'administration, une bonne adéquation interne, une présidence appropriée, un “onboarding” professionnel, l'acquisition continue de nouvelles compétences, des sessions régulières de réflexion stratégique et, bien sûr, des évaluations qualitatives du conseil d'administration.  

Mais cela demande aussi et surtout de l’engagement, de l’indépendance et du courage de la part des administrateurs. 

GUBERNA est heureux de poursuivre ce voyage avec vous !  

Nous souhaitons à tous les administrateurs, malgré tout,  un grand impact sociétal en 2023 !