Cette année, GUBERNA fête ses 30 ans avec le Festival of Governance – un moment idéal pour faire le point sur l’état des lieux de la gouvernance (d’entreprise) en Belgique. Un thème particulièrement pertinent dans ce débat est la gouvernance des entreprises publiques. 

En raison de l’importance sociétale majeure des entreprises publiques combinée au fait qu’elles utilisent en grande partie des fonds publics, les parties prenantes s’attendent à ce qu’elles opèrent de manière efficiente, efficace et transparente et rendent des comptes de manière appropriée. Les entreprises publiques ont donc besoin d’une gouvernance solide, efficiente et efficace. Une gouvernance publique robuste et performante est essentielle pour que les entreprises publiques puissent atteindre leurs objectifs et réaliser leur plein potentiel.

Au fil des années, grâce notamment à la sensibilisation menée par GUBERNA, de nombreuses étapes ont été franchies. Pourtant, les entreprises publiques font souvent la une des médias à propos de défis que l’on peut résumer sous le terme général de « défis de la gouvernance publique ». Il n’est donc pas superflu de se poser la question : comment ces défis peuvent-ils être relevés ? La discussion autour de trois défis spécifiques constituera le sujet de la session de groupe « Public shareholdership in Belgium » lors du Festival of Governance de GUBERNA.  

1. La nécessité d’une stratégie actionnariale claire

Une première pierre angulaire d’une gouvernance publique solide est une stratégie actionnariale claire de l’État. Dans le secteur privé, le rôle de l’actionnaire est souvent simple : créer de la valeur (financière) et gérer les risques. Pour l’État, la situation est plus complexe. Il combine en effet des intérêts financiers et commerciaux avec des objectifs sociétaux, tout en devant tenir compte de priorités politiques qui évoluent au fil des majorités et des législatures.

Trop souvent, il manque cependant une vision cohérente et à long terme qui guide la gouvernance de ces entreprises. Les conséquences ne sont pas négligeables : attentes floues, signaux politiques changeants et ancrage limité des choix stratégiques. Une stratégie actionnariale clairement formulée pourrait justement fournir cette boussole dont les entreprises publiques ont besoin.

Une telle stratégie détermine non seulement ce que l’État attend de l’entreprise – par exemple en matière de services, de durabilité ou d’innovation – mais aussi la manière dont il souhaite exercer son rôle d’actionnaire de façon professionnelle. Des directives transparentes concernant le reporting, les indicateurs de performance et l’évaluation créent de la clarté pour les administrateurs et la direction. Ainsi, l’État peut évoluer d’un acteur parfois improvisé à un actionnaire cohérent et compétent.oor bestuurders én management. 

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2. Les bonnes personnes autour de la table : la compétence comme clé

Un deuxième défi concerne la composition des conseils d’administration. Les administrateurs des entreprises publiques portent une double responsabilité : contribuer à la réalisation des objectifs sociétaux et veiller à la performance et à la durabilité de l’entreprise.

Il est donc crucial que les administrateurs soient nommés sur la base de leurs compétences et de leur expérience, plutôt que pour des raisons purement politiques. L’expertise en gouvernance, la connaissance financière, la vision stratégique et une bonne compréhension du contexte public constituent ensemble le fondement d’un conseil d’administration solide.

Au cours des dernières années, l’État a déjà franchi des étapes vers une professionnalisation accrue des procédures de nomination, mais le processus reste vulnérable aux perceptions d’influence politique. Des critères de sélection transparents, des évaluations objectives et une formation continue des administrateurs peuvent contribuer à renforcer encore cette confiance.

Par ailleurs, il est important que les administrateurs comprennent clairement leur rôle et leur mandat. Leur tâche n’est pas de diriger directement la politique, mais de guider de manière critique la direction dans le cadre défini par l’actionnaire. Cette séparation entre politique, gouvernance et exécution est essentielle pour éviter les conflits d’intérêts et préserver la crédibilité de l’entreprise.

 

3. Discrétion et transparence : un équilibre délicat

Enfin, de nombreux administrateurs publics peinent à trouver le juste équilibre entre discrétion et transparence. D’une part, une bonne gouvernance nécessite de la discrétion : les informations confidentielles doivent rester au sein du conseil d’administration pour préserver la capacité stratégique de l’entreprise. D’autre part, l’État en tant qu’actionnaire (et, en fin de compte, le citoyen) a un droit légitime de savoir comment les fonds publics sont gérés.

Trop de discrétion peut entraîner un manque de responsabilité et la méfiance du public. Trop de transparence peut, en revanche, paralyser la prise de décision ou nuire aux intérêts commerciaux. Le défi consiste à trouver une forme équilibrée de transparence, partageant l’information de manière à instaurer la confiance sans compromettre l’autonomie opérationnelle de l’entreprise.

Cela requiert une culture d’intégrité et de maturité : des administrateurs qui savent quand parler et quand se taire dans l’intérêt même de l’organisation. Des accords clairs sur la communication, le reporting et la reddition de comptes public sont indispensables.

 

Vers une culture de gouvernance mature

Une stratégie actionnariale claire, des administrateurs compétents et une gestion équilibrée de la transparence constituent des pierres angulaires d’une culture de gouvernance mature dans les entreprises publiques.

Le Festival of Governance offre une occasion unique d’approfondir cette discussion et de travailler ensemble à des solutions adaptées. Le danger réside dans la simple transposition des principes du secteur privé, sans tenir suffisamment compte des caractéristiques spécifiques des entreprises publiques. Il est nécessaire de développer une approche propre à ce secteur !

Le sujet abordé dans cet article sera au cœur de l’un des six débats interactifs organisés lors du Festival of Governance. Le Festival proposera des échanges sur les générations futures façonnant l’agenda, l’avenir de la main-d’œuvre, la cybersécurité, les tendances innovantes en matière de gouvernance, les défis de la gouvernance des entreprises familiales et l’actionnariat public en Belgique.

À l’occasion du 30e anniversaire de GUBERNA, le Festival of Governance réunira des administrateurs et des experts pour explorer comment la gouvernance peut évoluer au-delà de la conformité, vers une véritable participation et un impact concret. Rejoignez-nous le 27 novembre 2025 au Flagey à Bruxelles pour un après-midi inspirant de dialogue, d’échanges et de célébration.