Passer à l’action sur l’aspect ‘Social’ de l'ESG : Retour sur le GUBERNA National Member Forum 2024
Dans cette note, nous revenons sur une édition inspirante de notre National Member Forum, qui était cette année consacré à la dimension sociale de l'ESG. A travers cet article, nous offrons un aperçu de quelques idées importantes qui ont été développées durant l’évènement.
Notre CEO, Sandra Gobert, a ouvert la soirée par une courte introduction dans laquelle la longue histoire de GUBERNA, en tant que pionnier dans le domaine de l'ESG, a été soulignée. Madame Gobert a indiqué que GUBERNA soutient ses membres depuis de nombreuses années sur les questions de gouvernance et d’environnement, ainsi que sur la relation de réciprocité entre ces deux éléments. Cet événement a permis d’offrir à la dimension « sociale » toute l'attention que cette dernière mérite. En effet, l'aspect social a gagné en importance ces dernières années, en partie en raison de l'influence de mouvements sociaux tels que #MeToo en 2018 et Black Lives Matter en 2020, qui ont poussé les entreprises à exprimer leur soutien aux questions sociales. De plus, la pandémie de COVID a accru l'attention portée à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail. Enfin, la pénurie sur le marché du travail motive également les entreprises à placer le capital humain au cœur de leur stratégie.
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Intégré dans la stratégie d'entreprise
Monsieur Serge Hubert, coordinateur général du réseau hospitalier de Namur et directeur de l'Institut Huser, a ensuite ouvert le bal avec un discours introductif sur la manière dont son concept de gouvernance humaine s'intègre dans la chaîne de valeur de la gouvernance d'entreprise, et comment ce cadre peut soutenir l'exercice ESG. Tout commence par le conseil d'administration qui propose une feuille de route claire. Les conseils d'administration efficaces doivent en effet intégrer les considérations sociales dans le cadre stratégique de l'organisation, y compris la définition d'objectifs sociaux clairs. Les conseils d'administration jouent ainsi un rôle crucial pour s'assurer que la politique ESG va au-delà d'une formalité et devient une partie intégrante des valeurs fondamentales et des activités de l'organisation. En d'autres termes, le conseil doit veiller à ce que la politique sociale soit alignée sur le modèle économique et intégrée dans la stratégie globale de l'entreprise. Kristof Macours, Secrétaire Général du groupe Euroclear, a expliqué ensuite dans le second discours introductif que l'aspect humain dans les organisations modernes se diffuse davantage vers le conseil d'administration. Avec des défis tels que le leadership toxique et les maladies de longue durée, il est important de continuer à challenger la direction et à poser les bonnes questions. De façon synthétique, les questions du "Comment, Pour Qui et Pourquoi" peuvent servir de guide à cet égard. Les administrateurs ne devraient pas détourner le regard et devraient au contraire être enthousiastes à l’idée d'avoir l'opportunité de questionner la dimension sociale, comme l'a souligné Erik Moniquet, Président du conseil d'administration de Bewel.
“Des conseils d'administration efficaces intègrent les considérations sociales dans le cadre stratégique de l'entreprise, y compris la définition d'objectifs sociaux clairs."
Mesurer, est-ce équivalent à savoir?
En plus de poser les bonnes questions, des évaluations régulières et des ajustements peuvent aider à maintenir la pertinence et l'impact de la stratégie choisie. Cependant, bien que "mesurer correspond souvent à savoir", cela ne va pas de soi lorsqu'il s'agit des aspects sociaux, car ces derniers sont, contrairement aux facteurs environnementaux, souvent qualitatifs et subjectifs. Voici quelques conseils recueillis lors de l'événement pour aborder cette difficulté :
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Une première recommandation pour appréhender cette difficulté est de réaliser que vous n'avez pas besoin de réinventer la roue. La plupart des entreprises font déjà beaucoup en ce qui concerne les aspects sociaux : recyclez et upcyclez les actions existantes.
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Bien que l'accent soit souvent mis sur le reporting, il est important de veiller à ce que des actions soient effectivement entreprises. Il ne s'agit pas seulement de données ; c'est un projet social qui doit être réalisé.
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Selon Madame Karine Vandenberghe, auteure et conseillère ESG chez BDO, un conseil pertinent est de vous protéger contre les KPI inutiles et peu significatifs, qui poussent les gens (inutilement) dans un carcan rigide. En d'autres termes, ne mettez pas en péril l'autonomie de ceux qui doivent mettre ensuite en pratique la politique sociale de l’entreprise.
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Certains KPI ne doivent pas être systématiquement quantifiés au préalable, ce n'est pas toujours indispensable et les données peuvent être collectées au fil du temps.
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Lors de la conversion des objectifs stratégiques en KPI concrets, il peut être intéressant de mettre surtout en avant quelques KPI clairs, en ayant le courage de définir des priorités.
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Business in the mind, people at the heart
Cependant, cela reste un exercice difficile car, même au sein du conseil d'administration, l’accent est souvent mis sur les paramètres financiers. L'aspect social n'est pas systématiquement abordé lors de chaque réunion du conseil d'administration. La question est alors de savoir comment le conseil d'administration peut garantir que ces indicateurs de performance sociale restent en équilibre avec la réalité financière, tout en reconnaissant qu'il peut y avoir des compromis.
Lors des discussions au sein du panel d’orateurs, il est apparu clairement que le rôle du conseil d'administration dans la surveillance du capital humain est primordial. Ce contrôle est aussi important que celui du capital financier, car l'un ne peut être durable sans l'autre. Les indicateurs de performance sociale incluent notamment la garantie de pratiques de travail équitables, la promotion d'un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l'investissement dans le développement et l'engagement des employés. D'un point de vue de la gouvernance, il est important de différencier le rôle du conseil d'administration dans ce domaine entre une implication directe dans la formation de l'équipe de direction et l'approbation des grandes lignes de la politique générale du personnel - cette politique étant élaborée et mise en œuvre par la Direction. Monsieur Vincent Delbaere, HR Director Business Partner Lead et Global Head of Wellbeing chez Euroclear, a promulgué ce conseil : ”business in the mind, people at the heart.”
Notre président, Monsieur Jan Suykens, a ajouté lors de sa conclusion que le comité de rémunération et/ou de nomination doit également prendre en compte les aspects sociaux. Le comité ne doit pas seulement se concentrer sur les aspects stricts de la rémunération, mais aussi travailler sur les talents et le potentiel. La gestion durable des talents conduit à un personnel plus motivé, plus productif et plus loyal, ce qui contribue finalement au succès de l'entreprise. Les organisations doivent par exemple pouvoir compter sur des managers capables de diriger de manière inclusive. Mme Karine Vandenberghe, entrepreneure et conseillère stratégique ESG, appelle à arrêter d'utiliser le terme "Ressources Humaines", employons désormais le terme "Gestion des Talents". Elle a reçu des applaudissements de la salle pour cette proposition.
Culture eats strategy for breakfast
Les conseils d'administration, par leur rôle de leadership, donnent le ton en matière de comportement éthique et de culture d'entreprise. Ils doivent veiller à ce que l'entreprise opère de manière intègre et maintienne des normes éthiques élevées. Cela signifie que les décisions doivent être non seulement rentables, mais aussi socialement responsables et bénéfiques pour les parties prenantes. N'oubliez pas : "culture eats strategy for breakfast", comme l'a souligné M. Kristof Macours, Secrétaire Général du groupe Euroclear. Les bonnes intentions ne sont pas des conditions suffisantes pour une mise en œuvre réussie du S en ESG. Ces dernières doivent être ancrées dans la culture d’entreprise. À l'inverse, une culture d'entreprise solide peut renforcer la politique sociale et conduire au succès organisationnel. Les managers et les conseils d'administration doivent incarner et instaurer cette culture d'entreprise. Mme Siviglia Berto, CEO de B-Tonic, a également souligné lors du panel l'importance cruciale de l'engagement total de la Direction et des administrateurs. Elle ajoute un autre élément : nous pouvons nous attendre à ce qu'ils dirigent les entreprises de manière correcte vers une transition durable.
Prenons l'exemple de la politique d'inclusion. Promouvoir la diversité et l'inclusivité est crucial pour le pilier social. Pensez à la diversité des genres, mais aussi à la diversité ethnique, d'âge et de parcours. M. Erik Moniquet, Président du conseil d'administration de Bewel, a montré comment cela est important au sein des entreprises à travail adapté. Chez Bewel, la diversité n'est pas seulement un objectif politique, mais une partie essentielle de la culture d'entreprise, impliquant tout le monde, de la salle de Direction au Conseil, en passant par l'atelier. Cette politique favorise non seulement un environnement de travail équitable, mais contribue également à l'innovation et à une meilleure prise de décision en intégrant une large gamme de perspectives. En promouvant la diversité à tous les niveaux, les entreprises peuvent mieux répondre aux communautés qu'elles servent et assumer leur responsabilité sociale, ce qui contribue finalement à un succès durable.
Gestion des communautés et des parties prenantes
Vous avez bien lu - auprès des "communautés qu'elles servent", car l'importance du S dans l'ESG va au-delà des murs de l'entreprise. Il s'agit en effet également de la gestion des communautés et des parties prenantes. Le conseil d'administration doit donc s'assurer qu'il existe des mécanismes robustes d'engagement des parties prenantes. Cela signifie comprendre et être responsable des besoins et des préoccupations de l'environnement ainsi que des différentes parties prenantes, y compris les employés, les clients et les fournisseurs. Une communication transparente et une écoute active peuvent aider à établir la confiance et à promouvoir des relations solides et durables avec les parties prenantes.
Madame Isabelle Van Vooren, responsable des affaires ‘corporate’ chez North Sea Port, a décrit les outils que l'entreprise portuaire utilise pour obtenir cette ‘license to operate’. La communauté au sens large est également une partie prenante importante. M. Kristof Macours, Secrétaire Général du groupe Euroclear, a donné dans son discours un exemple très inspirant sur la manière dont Euroclear contribue à la communauté. L'organisation, basée à Saint-Josse-ten-Noode, permet notamment à ses employés de s'engager comme bénévoles pendant les heures de travail et soutient chaque année environ 300 projets d'organisations caritatives.
Conclusion
En résumé, le rôle du conseil d'administration et de ses membres dans le ‘S’ de l'ESG est multiple et crucial pour le succès à long terme et la durabilité de toute organisation. La soirée a clairement montré que l'aspect social implique un large éventail de thématiques : les conditions de travail, le bien-être au travail, la diversité et l'inclusion, les droits de l'homme, et ce tout au long de la chaîne d'approvisionnement, ainsi que la relation avec la communauté au sens large.
Nous sommes convaincus que la bonne gouvernance est un outil important à cet égard et que la dimension ‘sociale’ devrait être intégrée dans la gouvernance au même titre que ‘l’environnement’. Cet événement a fourni quelques réflexions très pertinentes à cet égard. Prenons à cœur les connaissances acquises et engageons-nous à devenir un catalyseur de changement positif au sein de nos organisations et au-delà.